mardi 7 août 2007

La Tribune : L'Edito de Mohamed Fall O. OumèrePosté le 07 August 2007 à 17:54:14 CEST Sujet: Les infos de l'actualité
07 août 2007 : L'Edito de La Tribune - Par Mohamed Fall O. Oumère Nous devrons au 3 août de nous avoir sauvés d’une faillite certaine. Quelques mois encore d’un régime qui refusait de se remettre en cause et la Mauritanie sombrait dans un chao total. Blocage politique et obstruction de tous les horizons. Crise économique et sociale. Dépit. Découragements. Déconfitures. Le 3 août est arrivé à un moment où les Mauritaniens avaient désespéré de voir le changement venir. Ils avaient fini par percevoir leurs malheurs comme une fatalité. Plus question pour eux de faire la moindre résistance. Juin 2003, août 2004… deux tentatives qui vont éloigner la perspective de changement par voie pacifique. Juin 2005 est un avertissement qui sera finalement entendu. Car c’est bien là qu’il faut chercher le déclenchement du 3 août. Au petit matin de ce 3 août 2005, alors que le Président Ould Taya était en Arabie Saoudite, les Nouakchottois se réveillent au moment où les éléments du BASEP (garde présidentielle) finissent de maîtriser tous les points névralgiques de la ville. Les officiers supérieurs, jugés inconditionnels du pouvoir, sont maîtrisés la veille. Il n’y aura pas de résistance. Pas une goutte de sang. Personne n’avait prévu une telle fin d’un régime qui avait fini par incarner l’immobilisme. Le caractère pacifique de l’opération est le premier heureux acquis du mouvement du 3 août. Nous le devons au fait que le BASEP a été le fer de lance du coup d’Etat. Deuxième acquis : l’ouverture de nouvelles perspectives pour le pays. Ce qui a donné tous les espoirs qui ont éclos. Tout redevenait possible. Troisième acquis : l’enclenchement d’un processus démocratique qui devait aboutir à des consultations électorales transparentes et dont les résultats sont acceptés par tous. Couronnées par la présidentielle, les consultations ont abouti à la mise en place d’un dispositif assez représentatif de la société mauritanienne. Avec notamment l’échec des partis sectaires et chauvins : aucun parti à vision ‘étroite’ n’a pu avoir accès à l’Assemblée ou à une mairie. Aussi le retour de la vieille garde, symbolisée par le face-à-face du deuxième tour, a-t-il été une expression de l’échec de la classe politique formée dans les écoles idéologiques ‘à pensée unique’. Quatrième acquis : cette belle aventure s’est terminée sans nous laisser de ‘héros’. Les ‘symboles’ de l’action ont tergiversé et fini par se refuser d’entrer ‘avec gloire’ par la grande porte de l’Histoire. Même s’ils ont accompli en quelques 19 mois, ce que l’Armée avait promis depuis 28 ans, ils n’en ont pas vraiment tiré profit sur le plan de l’image que le pays gardera d’eux. Les premiers mots du Conseil militaire sont rassurants. Et même exaltants. Mais dans la pratique, les relents d’inertie seront plus forts. Et c’est bien au forceps que la nouvelle configuration est née. Les ‘cadets’ ont dû serrer les dents et les poings pour pousser les plus caciques des poids lourds. Le nouveau pouvoir a donc hérité d’une Mauritanie ‘faisable’. Le Gouvernement avait pu, malgré tout, initier des politiques de réformes dont le moindre des résultats a été le retour de la confiance des bailleurs concrétisé par l’annulation de la dette. Trois mois après l’installation du nouveau pouvoir, on se rend compte du poids de l’héritage. A peine installés, les nouveaux maîtres font face à une crise multiforme : eau, électricité, sécheresse… De quoi retarder la mise en place des nouvelles institutions et freiner les efforts de changement. De quoi aussi les occuper. Pourtant des chantiers sont lancés dont celui de l’unité nationale et du règlement du passif humanitaire. De façon solennelle, le Président de la République Sidi Ould Cheikh Abdallahi a lancé le processus de règlement de ce lourd passif. Il est vrai que la communication sur la question fait défaut. Comme d’ailleurs elle a manqué au soutien de l’action gouvernementale. Les Mauritaniens ont le droit de savoir tout sur des questions qui pèsent lourd sur leur devenir. Ils ont besoin d’en discuter. De trouver ensemble l’objectif commun qui est celui du bonheur. Deux ans que Ould Taya est parti. La grande leçon de ce départ est bien celle-là : la fin d’un long règne ne signifie pas forcément la mort de celui-ci. Il faut ici considérer que la ‘mort clinique’ n’est qu’une étape de la vie. En attendant ‘la mort biologique’ qui est, elle, la première phase de la mort. La Tribune n°361 via www.barrada.unblog.frNote: Info source : La Tribune (Mauritanie)

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