jeudi 9 août 2007

La Mauritanie criminalise l'esclavage

L'Assemblée nationale mauritanienne a adopté une loi criminalisant l'esclavage, pratique qui perdure dans certaines parties du pays malgré son abolition officielle en 1981.
L'Assemblée nationale mauritanienne a adopté mercredi soir une loi criminalisant pour la première fois l'esclavage, pratique qui perdure dans certaines parties du pays malgré son abolition officielle en 1981. D'après cette loi votée à l'unanimité, les personnes convaincues d'actes esclavagistes risquent désormais de cinq à dix ans de prison ferme. Le texte interdit également toute production culturelle ou artistique faisant l'appologie de l'esclavage, qu'il punit de deux ans de prison, et prévoit des sanctions contre les autorités qui ne s'en préoccuperaient pas. Le projet de loi, initialement jugé insuffisant par plusieurs organisations des droit de l'Homme, a été fortement amendé et réaménagé par les députés dans le sens du renforcement des peines prévues et de la définition précise des pratiques esclavagistes constatées dans le pays.L'organisation SOS-Esclaves avait notamment mené une vaste campagne auprès des parlementaires pour obtenir gain de cause. "Nous sommes très satisfaits, c'est une grande victoire pour les démocrates et le peuple mauritanien et qui n'aurait pas été possible sans cette volonté politique du président (Sidi Ould Cheikh Abdellahi) et de son gouvernement", a estimé Boubacar Ould Messaoud, président de SOS-Esclaves. Longtemps tabou, l'esclavage est officiellement aboli en Mauritanie depuis 1981 et a fait l'objet en 2003 d'une nouvelle loi en renforçant sa répression. Mais ces textes étaient contestés par des associations de défense des droits de l'Homme selon lesquelles ils contenaient des aspects vagues sur des questions essentielles et édictait des peines en deçà de celles généralement prévues pour des crimes similaires. Le 30 mai, le nouveau président, élu deux mois plus tôt au terme d'une transition démocratique de dix-neuf mois, avait réclamé un renforcement du "dispositif de lutte" contre l'esclavage, notamment sur le plan juridique. "Nous avons obtenu une caractérisation satisfaisante de l'esclavage suivant ses manifestations, nous sommes parvenus à une pénalisation basée sur l'islam et de ce fait obtenu l'abrogation de l'article 2 de la loi de 1981 accordant des compensations aux anciens maîtres", a expliqué M. Ould Messaoud. Le militant anti-esclavagiste a enfin estimé que la Mauritanie opère ainsi un "nouveau départ sur la bonne voie" et qu'il s'agit maintenant "d'appliquer la nouvelle loi dans toute sa rigueur". Les députés ont recommandé au gouvernement d'entamer une vaste opération de sensibilisation des populations sur les dispositions de la loi et de définir une "politique économique complémentaire de nature à éradiquer les séquelles de l'esclavage". L'esclavage sous sa forme originelle devient rare en Mauritanie. Il est toutefois encore pratiqué dans toutes les communautés, principalement dans le monde rural.AFP via France24Note: Info source : France24

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