lundi 6 août 2007

03 août 2007 : La situation de l'armée
Lettre ouverte à son Excellence Monsieur le Président de la République Islamique de Mauritanie Monsieur le président
Notre très chère Mauritanie, comme vous le savez et vécu, a passé par plusieurs crises et secousses qui n’ont de communs que l’origine de leurs auteurs et « sauver le pays de la situation dans laquelle il est plongé » comme objectif déclaré.
Sans trop entrer dans les détails de ces événements je préfère, à mon tour et manière, attirer votre attention sur la situation dans laquelle était et est plongée notre armée nationale, formatrice des acteurs des ces secousses.
Monsieur le président
Notre armée vivait et continue à vivre aujourd’hui les plus mauvais moments jamais connus de son existence, une armée souffrante d’une fragilité ressentie sur le plan des juridictions, la mauvaise gestion, la détérioration de son état opérationnel et la division au sein de son commandement.
Monsieur le président
Etant donné que le règlement militaire est le pilier central de toute armée, malheureusement dans notre armée ce pilier est dans un état délabré.
En effet, les responsabilités, les devoirs et droits sont résumés en la personne du chef, lequel à son tour pourra se retrouver réduit au néant devant un autre non par le poids de la juridiction sinon par celui de la chaine hiérarchique, si ce n’est par une influence politique ou tribale. L’absence d’une entité législative tout à fait préparée académiquement, autonome dans l’élaboration et l’application des textes, soumet la juridiction à la merci de l’humeur et intérêts du chef, aux mauvaises intentions et ou incompétences du personnel dans ce cadre.Pour en avoir une idée sommaire sur cet état, il suffit de savoir que la dernière édition du RETAL (Recueil des Textes Administratifs et Législatifs) sur laquelle travaillent les différentes unités militaires y compris le 1er Bureau de l’Etat Major National date de Juillet 1991.
Monsieur de président
Cette absence d’un cadre juridictionnel bien élaboré et appliqué a crée une atmosphère favorable à toutes sortes d’irrégularités vue qu’elles ne se contredisent pas avec les intentions et intérêts du chef. C’est de là que plusieurs militaires tous grades confondus se sont livrés à des pratiques de mauvaises gestions des ressources financières et matérielles. Ces pratiques se manifestent essentiellement en l’achat du matériel de mauvaise qualité aux prix exorbitants, l’achat des équipements ne répondant pas aux besoins de l’armée ou inadaptés à la nature de notre terrain, la vente d’armes et des munitions destinées à l’instruction, la vente et gaspillage des hydrocarbures, l’absence de la maintenance des équipements et un parc automobile non entretenu ni suivi.
Au niveau des droits des militaires c’est le comble, les salaires de certains déserteurs ou de retraités continus à apparaître sur les listings pour finir leur parcours dans les poches des comptables si ce n’est de celles des commandants de formations, l’alimentation, les dépôts de vivres, les fonds d’intérêt commun et social (remboursement des ordonnances) des troupes constituent la propriété privée des chefs.
Monsieur le président
En plus des deux premiers points évoqués, s’ajoute et comme conséquence le mauvais état opérationnel des unités. Le manque d’entrainement de nos unités de combat, l’absence d’une doctrine d’emploi cohérente, la formation peu homogène du personnel et une composante logistique inexistante, font de notre armée une institution handicapée et incapable de remplir ses missions ordinaires définies, par la loi n° 60.189 du 25 novembre 1960 portant création des forces armées nationales, comme étant « assurer la défense du territoire nationale, le maintien de l’ordre et le respect des lois ».
A ces points s’ajoutent, le vieillissement du personnel non officier, le taux de désertion élevé dans les rangs des soldats et le mécontentement de plus en plus manifesté par les officiers.
Monsieur de président
Comme si les points précédents n’étaient pas suffisants, s’ajoute pour conséquence et cause en même temps la division de la chaîne de commandement donnant ainsi plusieurs sources de prise de décision à notre armée.
Une division qui ne date pas d’aujourd’hui, mais elle s’aggrave du jour au jour, elle est due essentiellement à la recherche d’intérêts particuliers des barrons, formant ainsi des groupuscules dont la loyauté est pour tel ou tel et non à la mère patrie.
Sans se retarder à chercher des exemples, il suffit de voir les derniers conflits entre certains colonels et l’ex chef d’Etat Major sur le mouvement d’officiers, conflit qui finira par le limogeage ou la démission de ce dernier.
Monsieur le président
Tous ces points réunis feront de notre armée la première et plus grande menace du pays au lieu d’en être la protection. Une armée ne doit qu’être républicaine, bien encadrée, bien entretenue, sinon elle constituera une bombe à retardement.
Cette lettre ne vous demandera pas de résoudre ce problème à plusieurs sources sinon elle attire votre attention sur votre devoir de le faire et d’exercer votre droit de président de la république.
Monsieur le présidentEn fin de cette lettre, il serait souhaitable de savoir qu’un jour l’histoire vous jugera et que sûrement dieu vous jugera sur vos responsabilités envers la Mauritanie.
Le Capitaine Sid Ahmed Ould SidhaDirection de La Marine NationaleSidahmed_ould_sidha@yahoo.fr
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