mercredi 28 mai 2008

Etats-Généraux de l’Education : Les premiers jalons

Les prémices des états-généraux de l’éducation viennent d’être annoncés. Un commission nationale a été annoncé décret, rendu public le lundi 26 mai 2008. Il est composé d’anciennes personnalités ayant pour la plupart une expérience du secteur éducatif et comprenant d’anciens ministres dont Ely Ould Allaf, président de la dite commission et Hasni Ould Didi, qui a dirigé pendant deux décennies le Ministère de l’Education Nationale.Le choix de telles figures ne passe pas inaperçu aux yeux de l’opinion publique. Mais, au delà des jugements portés sur les uns et sur les autres et qui du reste ne manqueront pas d’alimenter les discussions des salons, il s’agit aussi et surtout d’impliquer tous les acteurs clés du secteur à une telle démarche de grande envergure nationale. Un diagnostic approfondi et sans complaisance doit être fait pour passer au peigne fin tous les maux qui gangrènent le système éducatif. Aucune question ne doit être édulcorée pour mettre en exergue les écueils qui se dressent devant l’école mauritanienne. Il faut le dire, la situation a trop duré.
Doit-on continuer à assister à la décadence d’un système en perpétuelle déliquescence au grand dam de générations présentes et futures sur lesquelles repose l’espoir d’une nation.Aujourd’hui, le constat est partagé pour tous : l’école mauritanienne n’est plus fréquentable. Elle patauge dans la mare de la médiocrité. Et pour cause, des réformes inadaptées privilégiant l’enseignement où le contenu dogmatique et extra pédagogique prime sur l’aspect scientifique. Des curucula conçus non pas pour former des esprits ouverts aux apports de l’universalisme, mais juste pour "protéger" les écoliers contre l’influence étrangère.

Les conséquences sont désastreuses. Au lieu de produire de bons penseurs avec des têtes bien faites, notre système a enfanté des analphabètes incapables d’assimiler ce qu’ils apprennent. Au lieu de rapprocher les enfants, nos décideurs ont conçu des réformes qui divisent avec des méthodes pédagogiques inadaptées aux besoins d’un enseignement de qualité. A chaque réforme ses victimes.L’école mauritanienne, depuis sa nationalisation a connu 4 réformes : en 1967, 1973, 1979 et 1999. Les deux dernières ont consacré le point d’achèvement de la dégradation de l’édifice éducatif. Et comme tout système est le reflet de ses hommes, le notre a "fabriqué" des enseignants recrutés à la hâte, et dans le meilleur des cas, formés au laboratoire "ici et tout de suite" et expédiés pour accomplir une mission à laquelle ils sont totalement désarmés. C’est ce ô triste scénario qui a régi le mode de recrutement de maîtres et de professeurs mauritaniens.Ce tableau sombre du secteur éducatif est loin de suffire pour faire un état des lieux exhaustif des maux qui rongent le système. Les états généraux sont un cadre de concertation et de débat pour passer en revue des imperfections du secteur en vue d’en identifier les plus compromettantes et d’apporter des solutions durables à même de sortir l’école mauritanienne de l’agonie. C’est aussi l’occasion de préserver et de renforcer les efforts en cours en vue de poursuivre une vision orientée vers la promotion de l’excellence. Tous les paramètres objectifs sont nécessaires pour cerner la problématique éducative au cours des états généraux. En attendant cet événement urgent, la commission désignée pour diriger les travaux débute à partir de juin en perspective du rendez-vous prévu au mois de juillet.Cheikh Tidiane Dia


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